Description de l'initiative
Au Togo, la dégradation des terres menace la sécurité alimentaire et l'environnement. La gestion inadéquate des terres, en particulier dans les secteurs ayant des densités de population élevées et des écosystèmes fragiles, augmente encore la perte de productivité des agriculteurs. A cela s’ajoute un usage abusif d’intrants chimiques ; en 2020-2021, l’engrais chimique est le fertilisant le plus utilisé au Togo : 120 000 tonnes.
Pour inverser la tendance, il est urgent de promouvoir des pratiques agricoles qui permettent de restaurer et régénérer rapidement les sols agricoles dégradées, et aussi d’améliorer la situation socio-économique des paysans. C’est ainsi qu’a été réalisée l’initiative « Ecole paysanne agroécologique » pour contribuer à augmenter la production agricole et améliorer la sécurité alimentaire. Cette initiative a contribué à former des paysans, des jeunes, des étudiants désireux d’apprendre sur les techniques ou pratiques écologiques agricoles ; il s’agit de formations de « paysans à paysans ».
Les objectifs de cette initiative sont de contribuer à la sécurité alimentaire à travers la gestion durable des terres et de renforcer la résilience des populations face aux changements climatiques. Le programme vise aussi à améliorer la compréhension des paysans sur l’agroécologie afin de mieux couvrir leurs besoins et de générer des revenus.
Les bénéficiaires sont : les paysans, les agriculteurs et les acteurs du domaine agricole et environnemental. Les bénéficiaires directs des séances de formation sont les 450 producteurs de la région maritime et des plateaux. Les bénéficiaires indirects sont 20.000 producteurs dans les préfectures des alentours et des autres régions du Togo.
La méthodologie utilisée est basée sur l’andragogie ; elle s’appuie sur le ludique. Les modules comportent des formations théoriques et pratiques, avec des expérimentations en champ école. La participation est interactive. Il s’agit de collecter les bonnes pratiques auprès de paysans, de les faire connaître à d’autres, et de les adapter si nécessaire.
L'Ecole Paysanne Agroécologique s'est déroulée dans cinq préfectures du sud du Togo pour former plus de 460 producteurs. Le programme de formation a permis d’aborder un ensemble de thèmes : gestion durable des terres, accès à des produits sains et agroécologiques, fertilisation, gestion des nuisibles, paillage, association des cultures, conservation de la biodiversité, bio-irrigation, agroforesterie, conservation des semences, gestion post-récolte des produits agricoles, élevage amélioré.
Dix formations ont été organisées, ce qui représente au total 30 jours de formation.
Les activités sont essentiellement les formations et la diffusion de pratiques agroécologiques , les démonstrations, et la production de quelques biofertilisants, bioprotecteurs et biostimulants de croissance des plantes et des microorganismes notamment : le Bokashi, le Super Magro liquide et solide, le compost, les phosphites, le bouillon de sang animal, Ormus, Apichi, bouillon de cendre, bouillon de chaux soufrée, solution à base des minéraux (cendre de bois, poudre de roche) et des plantes (neem, tabac, piment, ortie, kinkeliba, margose, papayer…), Microorganismes indigènes et Microorganismes Autochtones Bénéfiques (MAB), le Trichoderma, les semences de Microorganismes Natives (SMN), les levures naturelles.
Des séances de sensibilisation et des débats ont été organisés. Une unité de biofabrique a été développée ; des bio-intrants ont été fabriqués dans le centre Elikem, le centre agroécologique de l’association Eco-Impact.
Principaux résultats obtenus
L’initiative a un ensemble d’effets positifs, en particulier :
- l’initiative a permis de réduire la déforestation. Grâce aux bio-intrants, plus de 460 agriculteurs ont abandonné l’usage des fertilisants chimiques et ont adopté un mode de production d’intrants organiques.
- les émissions de GES évitées : l’utilisation de 250 tonnes d’engrais organiques et 5000 litres de bioprotecteurs a évité les émissions de près de 250 tonnes de GES.
- les déchets organiques sont valorisés et permettent de préserver la biodiversité et la fertilité des sols.
- 30 formateurs endogènes, 460 paysans producteurs, dont 244 femmes, ont vu leurs capacités renforcées sur les pratiques résilientes aux changements climatiques. La phase de démultiplication a été amorcée. L’amélioration des rendements agricoles a permis une augmentation des revenus des paysans.
- le centre Elikem, site d’expérimentation et de développement des pratiques agroécologiques, a été mis en place ; des micro unités de production facilitent l’accès aux bio-intrants par les producteurs. Les dépenses en intrants agricoles ont diminué pour les paysans.
- 6 emplois ont été créés et plus de 460 paysans ont été maintenus dans leurs activités.