Description de l'initiative
Le bois-énergie constitue la principale source d’énergie pour les ménages nigériens : le bois de feu représente 95 % des combustibles consommés et le charbon de bois, 2%. Cela accentue la pression sur l’environnement et accélère la déforestation et la désertification, ce contribue aux sécheresses cycliques.
Au cours des années 1970, le Niger a développé les cultures irriguées en réalisant des Aménagements Hydro Agricoles (AHA) sur la vallée du fleuve Niger, avec pour principale culture le riz. Ainsi, les efforts entrepris par le gouvernement et des acteurs du développement ont permis la réalisation de 41 AHA rizicoles, soit un total de 8707 hectares.
La balle de riz représente 21% du poids total du riz paddy. Du fait que la production annuelle de riz paddy est de 83.500 tonnes, la quantité disponible en balle de riz est de 17.500 tonnes. Malgré sa teneur en énergie calorifique relativement élevée (14 GJ/tonne), la balle de riz est un déchet agricole stocké en grandes quantités aux alentours des usines de transformation.
L’étuvage du riz, pratiqué par les femmes de la vallée du fleuve Niger, apporte une valeur ajoutée à la production. Le riz étuvé a un retour sur investissement élevé, il minimise la brisure et les pertes de riz et il est préféré par les populations locales. Les femmes étuveuses utilisent de grandes quantités de bois pour l’étuvage.
En 2014, à la suite de travaux de recherche sur les solutions de foyers améliorés, JVE-Niger à fait la promotion du four à balle de riz.
L’objectif général de l’initiative est de remplacer le bois-énergie par la balle de riz pour réaliser l’étuvage du riz et la cuisson des aliments, et ainsi préserver le couvert forestier. Plusieurs objectifs opérationnels sont visés : promouvoir la technologie des fours à balle de riz, améliorer le pouvoir économique des femmes et des artisans locaux, et organiser une journée portes ouvertes sur l’énergie alternative au bois-énergie.
Plusieurs types de bénéficiaires sont visés : les femmes étuveuses, les jeunes ou groupes d’entrepreneurs, les membres de l’association des exploitants du bois, ainsi que les forgerons / ferblantiers.
Pour mettre en œuvre l’initiative, la démarche adoptée a comporté trois volets. Tout d’abord, des rencontres ont été organisées avec les autorités communales des différentes localités pour les informer du projet et des activités envisagées. Puis, ont été identifiés des femmes étuveuses et des artisans dans les différentes localités. A cette fin, des missions de terrain ont été planifiées. Enfin, dans les localités choisies, les femmes ont été formées à l’utilisation des fours, et des artisans, à la construction et à l’entretien des fours.
Le four à balle de riz utilise comme combustible la balle de riz issue du décorticage du riz paddy.
Il a été nécessaire de former 120 femmes aux techniques améliorées d’étuvage. L’étuvage est un traitement du riz qui permet de réduire le taux de brisure lors du décorticage et d’améliorer les qualités nutritives du riz. Il exige l’emploi d’un équipement adapté pour obtenir un produit de qualité. L'acceptation du foyer à balle de riz par les femmes s'explique par la raréfaction du bois et feu et le développement de l'activité d'étuvage du riz. Le foyer à balles de riz est donc perçu par les femmes comme la solution palliative au problème de bois énergie.
De plus, des rudiments de gestion ont été intégrés au plan de formation. L’accent a été mis sur l’analyse coût-bénéfice afin que les femmes puissent tirer un bénéfice de leur activité.
Un autre volet des activités a été la formation de 30 artisans, forgerons et ferblantiers. Les artisans des différentes localités bénéficiaires du projet maîtrisent désormais les techniques de fabrication du four à balles de riz.
Enfin, cinq kiosques de vente de fours déjà existants ont été réhabilités et un nouveau kiosque a été créé à Niamey. Ces kiosques proposent à la vente les fours à balles de riz.
Principaux résultats obtenus
Pour chaque tonne de balle de riz utilisée, approximativement 847 kg de bois énergie ou 510 kg de charbon de bois sont préservés. Cela permet de réduire la pression anthropique sur le maigre couvert végétal de la zone du fleuve Niger.
Les émissions de GES dues à la combustion du bois et du charbon de bois sont diminuées.
Les conditions de travail des femmes sont améliorées.
L’utilisation de la balle de riz comme combustible permet d’accroitre les revenus des femmes étuveuses. La balle de riz n’ayant pas de valeur marchande, des économies appréciables sont réalisées car il n’est plus nécessaire pour les femmes de se procurer d’autres combustibles.
Des emplois ont été créés pour la fabrication, la vente et l’entretien des fours.