Description de l'initiative
En Afrique de l’Ouest, en réaction à l’introduction de semences améliorées, hybrides, voire de variétés génétiquement modifiées, de plus en plus de paysans prennent conscience de l’intérêt de conserver et sélectionner leurs variétés traditionnelles locales et paysannes.
Les cases de semences ont chacune leur spécificité et leur chemin (en termes de naissance, d’histoire et d’organisation) et doivent être adaptées à chaque terroir (matériaux locaux, forme propre à chaque région).
C’est dans ce contexte que l’initiative de proposer un modèle de grenier de conservation des semences a été lancée, dans le cadre du projet PADAV. Am Be Koun-Solidarité accompagne des exploitations familiales pour l’accroissement de leurs revenus, en développant des systèmes de production agroécologiques durables et résilients face aux effets des changements climatiques. Les bonnes pratiques et savoir-faire sont capitalisés à travers des échanges croisés d’expériences et d’expertises.
Les analyses ont montré la perte d’importantes quantités de récoltes et les difficultés de préservation des semences paysannes en raison de l’insuffisance de moyens adéquats et de techniques efficaces de conservation. Avec l’aide d’ABK-S, les bénéficiaires veulent revaloriser les techniques traditionnelles de conservation et de préservation des récoltes et des semences.
A ce titre, une étude a été menée par ABK-S auprès des exploitations familiales ciblées pour identifier leurs techniques de conservation actuelles. Par la suite, il a été proposé de les améliorer ou de proposer des modèles de greniers en suivant les pratiques ancestrales utilisées, mais néanmoins abandonnées. Ces nouveaux greniers seront adaptés aux conditions environnementales existantes et prendront en compte les recommandations des habitants et l’expertise.
L’approche a été formative. Les séances ont suscité des débats enrichissants entre les populations, qui ont finalement reconnu que l’abandon des bonnes pratiques anciennes a été destructeur pour leur sécurité alimentaire. Aussi, un engouement a été noté en faveur des propositions issues des travaux.
Les caractéristiques techniques du grenier proposé privilégient les matériaux disponibles dans la zone d’intervention (jusqu’à 80%). Le grenier devra être en mesure d’accueillir plusieurs types de semences (mil, maïs et arachide), disposés en étages. Ces semences devront être protégées des facteurs d’altération (nuisibles, humidité, vents, bétail) avec, en plus, l’utilisation de plantes locales comme répulsif. Le grenier devra être construit selon des normes anti-incendie.
Le modèle adopté était déjà utilisé traditionnellement (grenier Bo, Krou-Krou). Y seront apportées des améliorations techniques, notamment grâce à l’implication dans le groupe de réflexion du Service Départemental de Développement Rural (SDDR). ABK réalisera ensuite une sensibilisation sur l’usage de ces greniers et les comportements à adopter (entretien, sécurisation,…). A terme, leur vulgarisation ouvrira la voie à d’autres exploitations familiales pour leur adoption. Ces greniers contribueront à l’amélioration de la santé des habitants et de la qualité des sols. Ils pourraient limiter l’utilisation des intrants chimiques en permettant aux habitants de se réapproprier les techniques ancestrales, tout autant, voire plus efficaces, pour la lutte contre les facteurs d’altération.
La construction du grenier de conservation de type Bô repose sur les savoir-faire ancestraux, avec une touche de modernité. Leur capacité de conservation est de près de 450 kg de semences. La construction du grenier a nécessité 80% de matériaux provenant des villages, avec une main-d’œuvre en grande partie villageoise.
Principaux résultats obtenus
Pour la construction du grenier, une entreprise a été recrutée. A la fin de l’activité, 4 greniers traditionnels améliorés ont été construits, dans 4 villages tests.
Un lot de semences a été sélectionné et conservé dans les nouveaux greniers pour un test de conservation jusqu’au mois de juillet. A la fin du test, nous n’avons constaté aucune perte de semences.
L’action participative initiée dès le début de l’activité a permis une appropriation complète des greniers par les bénéficiaires. Des villages environnants souhaitent maintenant acquérir ce modèle de grenier.